mercredi 20 juin 2012

Le paradis des enfants


 

C’est un curieux pays que celui là. Une merveille que l’on n’aurait jamais imaginée. On y est payé avant de travailler, on reçoit de temps en temps un pourboire, et tout est fait dans l’ordre du plus absolu secret, pour une marchandise rien moins que courante : un tableau de classe. L’acheteur ne connait pas le fabricant qui ni ne connait pas le vendeur lequel n’a aucune idée de qui est le transporteur. Des affaires de quelques centimes se traitent avec le secret, la rapidité la dextérité d’affaires de plusieurs millions, et bien entendu, ce jeu qui semblerait enfantin ressemble à un trafic mafieux, dans lequel tout le monde accuse tout le monde des pires crimes et pêchés. Et surtout dans lequel il n’est strictement rien pardonné aux innocents. Au paradis des enfants la pitié est une valeur inconnue. Le malheureux qui offre ou donne par charité quoique ce soit sans contrepartie est aussitôt taxé de gaspillage ou d’hypocrisie, dépouillé de ses biens et exclu d’office du jeu ou lourdement puni. On peut y être condamné aux pires enfers  pour ce pour quoi dans le monde des adultes on eut mérité le paradis sans concession. C’est tout juste qu’au paradis des enfants les jeux sont inversés. Les bons sont les méchants et les méchants parfois bons et tout le monde évite autant que faire d’être pris en flagrant délit de bonté.

Les personnalités approximatives



C’est le double-bind. Quand le discours des autres devient le contexte de la pensée, ou le contexte dans lequel évolue notre propre pensée. Ce qui arrive c’est que chaque fois que penses quelque chose de concret, une parole vient t’en détourner. Au bout du compte tu ne te sens plus de prise sur la réalité parce que la réalité devient les mots qui sortent en permanence de la bouche des autres. Il en advient de même avec la télévision. Elle devient elle aussi le contexte dans lequel évolue ta pensée, ou ton Stream of consciousness. L’esprit arrêté ainsi ne se meut plus que dans le vide, comme en apesanteur. C’est l’esprit vide quand bien même le ventre serait plein.
C’est la parole des femmes qui est ainsi faite. : Un filet dans les rets duquel l’action des hommes est sans cesse arrêtée. L’affaiblissement des hommes est la seule force des femmes qui n’en ont pas, et cela est de manière générale la meilleure stratégie du faible face au plus fort que lui, un affaiblissement permanent et continuel.  La prison mentale dans laquelle elles piègent les hommes est le contrepoint de la force physique qu’elles n’ont pas. C’est le coup d’état permanent que l’épouse déçue fait au mari détesté. Je sais ce que tu penses, je sais ce que tu fais, je sais ce que tu caches, etc. c’est pourquoi la sagesse a toujours été le silence.
L’homme n’a que l’action a sa disposition : sortir, bouger, travailler ou la méditation peut être ou l’écoute de soi mais la solitude ne se retrouve pas toujours.  Ces choses là sont toujours en contrepoint, c’est pourquoi le temps doit toujours être partagé et l’équilibre établi entre les différentes nécessité de la vie de couple, la vie familiale, les besoins matériels, la vie spirituelle, etc.  L’équilibre est introuvable mais sa quête doit être permanente.
Ta nourriture est le réceptacle constant des paroles que tu entends (joseph), le ventre est ainsi une mémoire des discours proférés et entendus. Entre les mailles de ce filet, il n’y a pour réponse que ce vieux mythe qui rappelle que le seul moyen de dénouer l’indénouable est de trancher, une mort rapide et sèche vaut mieux qu’une longue agonie.
Cette petite psychologie de bas étage ne doit pas te faire oublier que tout est dans le livre et que la vie n’est que le moyen ou l’occasion  de passer le temps entre deux moments inconnus.

Tableau de classe : noir, bleu, blanc ou vert ?




C’est par un tableau que commence l’enseignement. Mais de quoi parle-t-on quand on parle de tableau ?
 Pour commencer le mot tableau désigne dans l’usage commun ce carré de bois, de toile ou de toute autre matière sur lequel un être humain, un artiste, reproduit une scène, une figure ou représente quelque chose. L’essentiel du tableau d’artiste est qu’il s’agit d’une œuvre élaborée avec des couleurs et des matières variées. Par suite,  on parle de tableau lorsqu’on évoque un ensemble de données réunies et assemblées lesquelles sont censées faire sens. Le premier sens n’est pas si éloigné du second dans la mesure où les couleurs du tableau pictural constituent en elles même un ensemble de données même si leur combinaison n’est pas codifiée mais laissée à la libre interprétation de l’artiste et de l’observateur. Dans un cas on a donc un ensemble de données dont l’interprétation est libre dans l’autre un groupe de donnée dont l’interprétation est socialement et culturellement commandée :ex Tableau statistique, synoptique, synchronique, chronologique, représentatif, économique, d’avancement, indicateur, généalogique, clinique,  de marche des trains, de prix, d’ensemble, d’un ordre quelconque (qu’il s’agisse de celui des avocats ou celui des médecins ou des pharmaciens), de conjugaison, des ressources, des événements, des entrées et sorties, d’un inventaire ou d’une comptabilité, etc. Le nombre d’expressions incluant le mot tableau est certainement beaucoup plus étendu que cela.
Il y a ensuite des sens figurés : on parle d’un tableau vivant, changeant, d’un tableau optimiste,  pessimiste, complet, d’un tableau de situation, du tableau d’un acte au théâtre (on dit par exemple une œuvre en plusieurs tableaux), on dit aussi qu’il y a une ombre au tableau ou qu’ Il manque quelque chose au tableau, on parle  de faire le tableau de quelque chose ou d’une situation, etc. il s’agit toutefois  toujours d’une question qui porte sur la nature ou l’état ou la signification d’un ensemble de données et de leur description ou de leur présentation.  Un tableau c’est  aussi une histoire qui se raconte. On brosse un tableau. On décrit un tableau, etc. Dans la mesure où l’être humain s’exprime fondamentalement sous le mode du récit (ne serait-ce que parce qu’il est lui-même une histoire avec un début et une fin) cela semble tomber sous le sens. L’histoire des hommes étant par définition constituée de plusieurs séquences (je pense par exemple au titre de film 3 vies et une mort ) on peut ainsi concevoir qu’on puisse la raconter en plusieurs tableaux, chacun se limitant à l’exposé d’un épisode ou d’une période. De même les actions des hommes, leurs intentions, leurs choix peuvent être exposés sous la forme de tableaux : on entendra par exemple quelqu’un dire qu’il a joué sur plusieurs tableaux ou gagné sur un ou  plusieurs tableaux, c'est-à-dire dans une projection de choix ou dans plusieurs.
Ensuite un tableau est aussi et avant tout un objet matériel concret, un support donc,  destiné à toutes sortes d’usages ; on parle ainsi de tableau qui encadre une baie de porte, de fenêtre ; on parle de tableau de distribution, de bord, de commande, de contrôle ; de tableau d'une installation téléphonique ou de tableau de clefs ; de tableau de bord , etc. La différence avec la première série de sens citée plus haut est que dans ce cas les tableaux dont il est question sont des objets matériels destinés à des usages spécifiques.  Dans tous les cas le mot tableau continue à comprendre une notion d’organisation et de hiérarchisation non plus de données comme vu plus haut mais d’objets ou de fonctions.
Lorsqu’on parle d’un tableau de classe c’est donc un peu de tout cela que l’on parle. On évoque un support matériel fait de pierre,  de bois,  de métal ou de caoutchouc, de couleur blanche, bleue, verte ou noire. Ce tableau se fabrique, se peint, s’essuie, se nettoie, s’accroche ou se décroche. Il sert à la présentation et à l’organisation de données variées selon les hiérarchies didactiques. On écrit au tableau ces données avec de la craie, un stylo ou par le biais d’un clavier d’ordinateur dans les classes où l’on trouve par exemple les tableaux dits électroniques (lesquels ne différent en rien des premiers dans la mesure où il s’agit toujours d’un support sur lequel on inscrit ou projette des données).
Pourquoi ne peut-on imaginer de classe sans tableau ?  il y a d’abord le fait que la présence du tableau dans la classe limite la dispersion des regards et de l’attention des élèves. Les regards sont focalisés, concentrés. On imagine il est vrai très mal un enseignant dire aux élèves regardez le mur ou le vide  devant vous. (Enseigner en marchant fut une spécialité toutefois de l’école des péripatéticiens, école présocratique).  Il y a aussi le fait que la concentration et la focalisation de l’attention favorisent le travail didactique  au sens où l’on parle de travail de l’analyse.  En analyse ce travail nécessite la parole du patient et le silence du praticien. (C’est pour partie, le principe de la maïeutique socratique). Dans le mode éducatif, c’est la parole de l’enseignant contre le silence des élèves. (De là à dire que l’instituteur est le patient de ses élèves il n’y a qu’un pas que je m’empresse de franchir).  Tout enseignement ne nécessite pas forcément un tableau physique, mais l’enseignement normatif et socialement organisé depuis maintenant plus d’un siècle ne peut se concevoir sans ce type de support.  Dans le rapport de l’enseignant à l’élève le tableau est en quelque sorte le tiers. Le maître communique directement et sur le tableau ; l’élève absorbe les données communiquées par le maître et en déchiffre une partie  sur le tableau. Il y a donc un niveau de communication direct par les mots et la présence et un niveau de communication indirecte, par le biais de l’écriture au tableau selon le principe romain de verba volens scripta manents. C’est sur le tableau que les élèves lisent une partie des informations transmises et c’est sur le tableau qu’ils sont amenés à en transcrire une partie ou à en rendre compte.
Si l’on s’arrête cependant à ce niveau on n’a pas encore tout saisi du phénomène cognitif qui s’opère dans la relation éducative. En effet, l’on a vu l’étendue des significations et des contextes dans lesquels apparaît le mot tableau.  C’est que dans le mot tableau il y a aussi l’idée d’une modélisation : nous avons besoin d’un tableau pour transcrire des informations pace que d’abord nous concevons les choses sous forme de tableau. C’est d’abord le fait du phénomène bio-génétique  de la vision. Nous voyons toujours les choses dans un cadre prédéfini et limité à 180 degré. Et ce cadre est par définition limité sur ses côtés. Tout tableau par définition modélise un certain type de rapport que nous entretenons naturellement avec le réel. Et si nous percevons le réel dans un cadre, ce cadre nous en héritons aussi.
Physiquement et d’un point de vue pédagogique, depuis des générations nous héritons d’un cadre rectangulaire de2m sur 1m, voire 4m sur un 1m, etc. Conceptuellement notre pensée d’adulte se forme dans les écoles au travers de cadres conceptuels qui nous disent le possible et l’impossible, le concevable et l’inconcevable, le disible et l’in-disible, le dicible et l’indicible, le visible et l’invisible, le pensable et l’impensable, le réalisable et l’irréalisable, etc. Le cadre physique du tableau modélise de fait ce type de rapport au réel. Ce qui est écrit sur le tableau c’est ce qui a été dit, ce qui n’a pas été écrit sur le tableau a peut être été dit ou ne l’a pas été mais toujours est-il qu’il n’y a pas de traces pour en témoigner. Beaucoup de choses sont dites en classe qui ne sont pas forcément écrites sur le tableau et parmi elles il y a certes des éléments non significatifs mais il y a aussi des éléments dont la pertinence ne peut être mise en question. La manière dont l’enseignant est vêtu par exemple est un élément pertinent de la communication éducative mais qui n’est pas écrit au tableau. C’est un non-dit non-écrit, mais c’est tout de même un élément essentiel de l’enseignement que le maître apporte à l’élève, de même la gestuelle, etc.
Nous apprenons aussi bien de ce qui est écrit sur le tableau que de ce qui n’y est pas transcrit, de même que la face cachée de la lune compte autant que celle que l’on voit, de même que la nuit nous parle forcément du jour et la vie de la mort. Voire peut être plus, nous apprenons bien plus de ce qui n’est pas écrit au tableau que de ce qui y est écrit. De manière mathématique pourrait-on dire, seul un faible pourcentage des mots qui ont circulé dans une séance de travail est noté au tableau. De manière équivalente, nous ne percevons directement qu’une faible partie des choses que nous voyons. Combien de fois ne nous sommes pas rendu compte que nous sommes passés devant les choses sans les voir ? ou écouté sans entendre ? Ou touché sans sentir ? Ou humé sans sentir ? Ou avalé sans goûter ? Comme si à chaque fois il nous avait manqué une attention, un élément à même de nous amener à percevoir.
Dans la relation pédagogique, il est essentiel de se rappeler que le tableau n’est pas un simple support des discours communiqués, un réceptacle physique de données, mais une modélisation de la nature de notre appréhension du monde. Ce sur quoi porte donc tout enseignement, n’est pas tant un certain type de contenu didactique que le modèle social d’appréhension des données de la réalité tel qu’il est communiqué par l’enseignant, sachant que les contenus du manuel ne sont qu’une infime partie de ce qui fait l’objet de la séance éducative. C’est l’ego du maître qui emplit et interagit avec celui  des  élèves dont il devient forcément guide et modèle, ce ne sont pas les équations et les dictées. Le tableau présent dans la classe est d’une part un prétexte, d’autre part une traduction visible pour l’esprit de l’enfant d’un certain type de modélisation de la réalité cognitive. Il n’est donc pas anodin dans l’enseignement qu’un tableau soit noir, bleu, blanc ou vert.

mercredi 13 juin 2012

Suspension of disbelieve



Suspension of disbelieve, le mot est de coleridge. C’est le niveau où le lecteur de roman ou visualisateur de film entre de plein pied dans la narration et accorde à la fiction tous les attributs de la foi qu’il accorde au réel ou à la réalité. C’est l’instant ou plutôt l’état dans lequel se trouve le lecteur quand il croit à ce qu’il voit comme si c’était la réalité même. La réalité est aussi une fiction d’un certain point de vue, nous interagissons avec elle dans la mesure où justement nous croyons en cette interaction. Il en est de même pour la fiction, nous pouvons interagir avec elle à partir du moment où nous y croyons. 

Les outils du faire croire sont multiples : dans un film la focalisation de la camera sur un événement, un objet, etc ; indique ce qui à ce moment là est ou était signifiant. Il en est de même avec la réalité, nous voyons ou entendons à certains moments des choses ou des éléments qui sont signifiant, sauf que nous ne savons pas qui tient la camera, qui « focalise » sur ces objets signifiants. 

Le fait est que le suspension of disbelieve est le constat d’un phénomène réel, que les romanciers et cinéastes ont exploités. C’est l’idée constante dans l’esprit de chacun de l’existence d’un deux ex machina qui déploie devant le regard des éléments plus ou moins significatifs destinés à faire sens. Il fut un temps où je pensais qu’on lisait un roman ou voyait un film pour vivre cette expérience depuis le pôle du narrateur et ce faisant le lecteur entre dans la peau du deux ex machina, devient le deux ex machina. J’en suis plus à considérer maintenant ce phénoméne comme une illustration d’un phénoméne réel, illustration qui s’impose et au final est imposée. 

La pensée de la fiction traite les univers fictifs comme s’ils n’étaient pas des univers réels. On entre dans la fiction en quittant la réalité ou l’inverse. Mais la fiction n’est qu’un degré n de la réalité, l’univers fictif n’est pas un univers irréel, il est écrit dans la réalité que l’on peut créer des univers irréels, cette possibilité est incluse dans le fait même des attributs de la réalité. Les univers fictifs sont des univers créés au sein d’une Création et leurs auteurs sont responsables de leur création du second ou enième degré auprés du Créateur du premier degré. Parce la faculté de croyance de l’être humain est telle que qu’il peut confondre les niveaux de créations. 

Réfléchissons au régime de la coïncidence, qui est une composante du régime de la paranoïa, cette dernière n’étant elle-même qu’une conséquence de la faculté et capacité de croyance de l’être humain.  Si je regarde un film, je sors dans la rue et voir un attroupement, je peux au choix, considérer que cet attroupement est le fait d’une série de conséquences qui ne sont pas forcément liées à moi (même si j’en fais partie) ou considérer que cet attroupement a une relation quelconque avec ce que je viens de voir à la télévision, considérant celle-ci non comme un simple récepteur mais aussi comme un émetteur. A ce second niveau, la réalité à laquelle j’ai accès a pour fondement non plus le niveau premier mais un degré n de cette réalité. Je peux continuer à vivre dans le film une fois le film terminé, et je considérerai alors toutes les chaînes de causes et conséquences dans lesquelles j’interviendrai comme des éléments de la réalité d’un film ou du rapport d’un film que j’ai vu avec la réalité. A ce niveau on entre de plein pied dans la paranoïa. Il existe une multitude personnes qui vivent le rapport à la réalité filmique comme une composante essentielle de leur rapport à la réalité. 

Plus avant encore, quelle implication cela peut-il avoir sur la formation cognitive de l’esprit d’un enfant ? C’est le paradoxe. On peut considérer que cela fait du tort aux enfants. S’ils vivent les films comme s’ils étaient la réalité, (ce qu’ils sont aussi il ne faut pas l’oublier), ils sont aussi par définition ceux qui sont le mieux à même d’être conscient de la réalité filmique, puisque à leurs yeux justement, il est évident qu’un film est un élément de la réalité comme un autre. 

Je dis le paradoxe parce que c’en est un. Le problème que pose la conscience de différents niveaux de réalité est un problème pour l’adulte à qui on a appris à faire cette distinction, afin de s’en prémunir en partie. Pour un enfant cette distinction n’a pas de sens, puisque la réalité d’un film n’est pas en soi différente de la réalité d’un objet, et le fait que le degré de réalité d’un dinosaure ne soit en rien différent de celui d’un objet posé sur l’étal d’un marchand ne change strictement rien à l’affaire, qui est que l’horizon de la vie est celui du jeu. De celui qui l’a compris, on peut dire que sont rapport à la vie est d’une simplicité enfantine. 

Pour un adulte c’est très différent. La faculté d’assumer la variabilité des mondes dans lesquels on peut vivre sous la forme de l’unicité est une faculté qui s’éteint au gré des formations, des apprentissages, des nécessités et des contraintes de la vie. A un adulte on apprend à distinguer les différents univers qu’il traverse : l’univers professionnel, familial, social, etc. En les distinguant, il perd la capacité de les unifier, et de les considérer comme formant tous un univers unique (On lui apprend par exemple à les rattacher à des lieux) Si par exemple un adulte se concentre sur l’univers professionnel, il va le faire au dépens des autres univers, si l’adulte se concentre sur un univers fictif –les drogues, les livres, les films, etc), il va le faire au dépens des autres univers avec tous les risques que cela peut comporter pour sa santé physique par exemple dans le premier cas, mentale par exemple -mais pas seulement, dans le second. 

L’essentiel de ce que l’on appelle des maladies mentales consiste en cette perte de la capacité de prise innée qu’un être humain a sur sa réalité, fondement de la réalité commune.  

Que perdons nous quand nous cessons de considérer tous les univers que nous parcourons comme des univers uniques, et tous les niveaux de réalité que nous vivons non comme des émanations variées d’une réalité unique mais comme le fait même d’une réalité unique ? Beaucoup, certainement. Dont notre capacité enfantine à modeler les univers au gré de nos désirs en usant des moyens qui ne sont perceptibles que lorsque l’on est dans ce type de mode de pensée.

 Pour exemple, considérons un phénomène simple et reconnu, un athlète ou un financier ou un artiste à qui l’on demande comment il est arrivé à ce à quoi il est arrivé ; réponse banale mais systématique : parce que je l’ai voulu, parce que je n’ai pensé qu’à cela, parce que j’ai tout fait pour cela. Cette espèce de passion qui fait que tel joueur bat toujours toutes ses cartes dans le même sens, et semble toujours gagner toutes les parties qu’il joue, une forme de monomanie s’il en est, c’est cela même l’héritage de l’enfance. A la seule différence qu’un adulte va mener sa monomanie toute une vie ou va en changer plusieurs fois, alors que celles des enfants ne durent que le temps d’un désir et de son assouvissement. Parfois quelques minutes, parfois quelques jours. 

Pour illustrer encore cette capacité qu’à l’être humain de modeler son univers au gré de sa monomanie, je me souviens de cette période où l’on rapportait d’un politicien américain qu’il ne cessait de mentir mais que cela ne l’empêchait pas de conserver le pouvoir, parce que bizarrement il était cru. C’est que cet homme non pas mentait (en réalité cela importe peu dans le cadre de cette réflexion) mais imposait sa monomanie par le biais de sa parole, son charisme et sa puissance de suggestion,  tel un enfant qui va réclamer un jouet, trop cher pour ses parents et qui, lorsque ses parents se seront saignés à blanc pour l’acheter (après lui avoir dit tant de fois ce n’est pas possible), leur dira lorsqu’il sera arrivé à ses fins (ou s’il ne leur dit pas cela revient au même) : vous voyez bien, j’avais raison, vous pouviez l’acheter.  C’est la monomanie de l’enfant qui se sera imposée à celles des parents, comme une galaxie attire vers elle une planète trop légère, ou une planète une météorite. Pure question de pesanteur. 

Pourquoi donc tout le monde ne peut-il pas si ce n’est atteindre cet objectif du moins préserver l’acquis ? C’est un débat plus long encore.

mardi 12 juin 2012

vu dans les journaux: interdire ou ne pas interdire la publicité sur la vente d'alcool au Maroc?


Je veux contribuer à  un débat levé par Mr Ahmed Raîssouni, prédicateur marocain renommé, dans plusieurs journaux marocains et qui porte sur le statut de la responsabilité publique et de la gestion de l’état d’un point de vue musulman ou islamique. الخلافة . La question posée est celle du gouvernement des affaires de l’état dans le monde musulman. Le débat est un débat contradictoire qui oppose les tenants dits de la démocratie et les tenants du gouvernement selon les lois de la شريعة, soit de la sharia en français (dans une acception malheureusement presque toujours négative), ou de manière plus neutre selon la loi fondamentale telle qu’elle est établie dans le codex musulman : le Coran.

L’argument général et traditionnel est que la loi fondamentale musulmane ne permet pas de garantir la pluralité des croyances ainsi que des non croyances (par exemple l’athéisme qui est une croyance comme une autre) ce que la démocratie par contre garantit, preuve s’il en est les amendements concernés dans la constitution américaines ou dans le Bill du peuple anglais, ou la liberté religieuse inscrite dans la constitution française. Sachant bien entendu que ces garanties sont toujours conditionnées selon chaque régime par des obligations et des devoirs relatifs à la culture du pays en question. La conception de la liberté religieuse n’est bien entendu pas exactement la même selon qu’on soit aux USA, en grande Bretagne, au pays des lumières ou au pays de Goethe, ni même les contraintes afférentes.
Pourquoi le débat porte-t-il en territoire musulman sur la notion de خلافة. Tout simplement parce que le modèle recherché est celui de la gestion des affaires communes tel qu’il a été promu et organisé par les successeurs et compagnons du prophète, abou Bakr ( ابو بكر الصديق)  Omar عمر , Othman   عثمان    et  Ali على . رضى الله عنهم و رضو عنه . Parmi les quatre cités deux sont cités par ailleurs dans un hadith comme étant ses deux ministres sur terre (les deux ministres au ciel étant saint Gabriel et saint Michel) . Chacun de ces successeurs du prophète a  géré la communauté musulmane à sa manière, en toute liberté, a été aimé par certains et détesté par d’autres, chacun d’entre eux a eu ses contemptateurs et ses zélateurs. Trois de ces successeurs sont morts assassinés, mais je ne m’étendrai pas par ailleurs sur des données biographiques que pour l’essentiel je suppose connues. Chacun de ces successeurs a reconnu qu’il était à la charge de chacun de pousser plus en avant la recherche sur la gouvernance de la communauté même si chacun a toujours mis en avant et imposé sa propre vision, légitime par définition, des choses. On a donc quatre versions de la gestion des affaires communes en espace musulman, toutes différentes mais toutes équivalentes en ce qu’aucune ne contrevient essentiellement aux principes  de la loi fondamentale même si les modalités d’application peuvent varier un successeur à l’autre.
Pourquoi le débat sur l’opposition entre démocratie et loi fondamentale musulmane est-il forcément un débat biaisé ?

Ce que l’on appelle islam politique de nos jours est une réflexion menée par une multitude de personne et portant sur le gouvernement des affaires politiques et sociales dans l’ordre de la contemporanéité. Par exemple faut-il ou ne faut-il pas interdire la consommation de l’alcool, ou faut-il seulement interdire la publicité sur l’alcool (c’est actuellement l’objet d’un débat au Maroc) ou faut-il interdire aux femmes ou les autoriser à conduire un véhicule, etc. Elles peuvent porter aussi sur la nature des peines à appliquer en fonction des crimes et délits ; faut-il par exemple condamner l’assassin à mort ou lui infliger une peine de prison incompressible de trente ans ; faut il couper la main du voleur ou le mettre au vert pendant cinq ans, etc. l’essentiel du débat sur l’islam est un débat juridique. Il a aussi des aspects économiques ; les droits et obligations concernant le crédit et l’emprunt, quel niveau de taux d’intérêts seront considérés licites au regard de la loi fondamentales et quels niveaux seront considérés comme illicites (  الربا ) ? quel niveau d’imposition peut être considéré comme équitables et quels niveaux d’imposition peuvent être considérés comme injustes  (  الزكاة)? Il a des aspects sociaux, s’agissant du mariage, de l’adoption, etc. L’expression loi fondamentale dit bien ce qu’elle veut dire puisqu’elle porte sur tous les aspects de la vie commune.

Le débat sur l’opposition démocratie loi fondamentale, est aussi en ce sens un débat sur la conciliation : comment peut-on concilier de nos jours la coexistence de différentes cultures et différentes religions dans un même espace territorial. Quel type de sauce politique faut-il inventer qui permette de saupoudrer un peu de sel islamique dans un pudding anglo-libertaire ou une crème fraîche des lumières dans un tagine arabo-berbère ? Ce débat tel qu’il est formulé est donc un débat sur les dosages. Une cuisine politique en quelque sorte. Ergo la question de l’interdiction de la publicité sur les alcools au Maroc. Elle sera recommandée au non de la loi fondamentale, contestée au nom de la démocratie, la liberté des cultes et des religions mais communément acceptée par tous si elle n’est traitée que comme une pure affaire de santé publique relevant non d’un débat idéologique mais d’une simple question de gestion financière des affaires de l’état et d’une analyse des rapports couts et bénéfices de la consommation de l’alcool sur l’état des finances publiques.  Lorsque la publicité sur les alcools a été interdite en France, nul n’a prétendu que les socialistes étaient des intégristes religieux, tous juste leur a-t-on reproché de ruiner les finances des destinataires de ces budgets publicitaires, quel qu’ils soient, journaux, télévisions, revues, afficheurs publics, etc.
En quoi est ce que la loi fondamentale musulmane ne s’oppose pas à la démocratie. Une question en matière de pouvoir en islam est souvent laissée de côté : la loi fondamentale en régime islamique n’exclut pas la concertation (  المشورة). Que cette concertation se fasse dans une agora (en réunissant par exemple toute la population d’un village pour lui demander son avis) ou par le biais d’un vote à l’échelle nationale. Parce que, qu’il s’agisse de loi fondamentale ou de démocratie, ce dont il est question c’est toujours d’une délégation de pouvoir. Au final une fois que la population a délégué ses pouvoirs il revient à l’exécutif de prendre ses responsabilités et d’agir en conséquence. En cela rien n’oppose la démocratie et la loi fondamentale musulmane. Sur la question de la responsabilité de l’exécutif en cas de manquement, les choses sont certes légèrement différentes. Le statut de l’exécutif en régime fondamental musulman est plus couramment proche de celui d’un monarque absolu, sauf qu’il dépend du monarque et c’est son strict intérêt, de préserver la cohésion du groupe social qu’il régit en tenant compte des différentes sensibilités qui le composent. En ce sens la monarchie absolue n’a jamais pu exister puisque la concertation doit forcément avoir lieu sous peines de divisions sociales incommensurables. Si les cabinets des rois, des présidents, des dictateurs et des empereurs sont chargés de conseillers, c’est bien parce qu’il faut un espace pour la concertation, preuve s’il en est qu’il n’existe pas de régime de pouvoir absolu.

En ce cas, qu’est ce qui fondamentalement distingue un régime vivant sous la loi fondamentale musulmane d’un régime vivant sous une constitution démocratique ?
La question est infiniment complexe, mais disons, en attendant de la traiter, que la loi fondamentale musulmane est le code nécessaire à un être humain, souverain, dés lors qu’il se considère lui-même comme une nation et ce quelque soit le régime politique auquel il est soumis.


samedi 9 juin 2012

Tanger encore




ملا باسم الكربلائي - عباس الك وصي







aujourd'hui journée à la plage. La vue de l'océan me fascine. Les courants sont extrêmement forts ici à Tanger sur la côte Atlantique. Mais l'océan est bleu tout comme la terre est ronde. la couleur du ciel est la couleur de l'océan, et inversement. la couleur de l'océan est la couleur du ciel. ce qu'on trouve dans le ciel on devrait donc pouvoir le retrouver dans l'océan, chasse un oiseau ou pêcher un poisson en quoi est ce vraiment différent? voler ou nager en quoi est ce différent? mais si l'on sait ce que l'on peut extraire de l'océan, que peut on extraire du ciel? à moins qu'il ne s'agisse là que d'une nouvelle et si ancienne forme de face cachée de la lune? un opposé? ce que l'on ne voit pas dans l'un c'est justement ce que l'on trouve dans l'autre? le ciel comme reflet négatif?

j'irais pêcher pour vous My lord
ce que The Queen n'a pu trouver
the king is over there, my lord
just look under the sky
next to the door, behind the mirror
my Queen, what's the common name of patience
and the last name
my Queen, i had a dream, a blue one, so the sky underneath the ocean is blue
and the stars

janam, manam farsi faramush kardi
az bikkh arabam


عـبـاس إلـك وصـيـه...عباس بالغاضريه


خـويـه الإبـو وصـاني و بهالوصيه أخبرك

قـال الـعـلم للعباس وقت الكلافه إينصرك

لا تـمشي عن عيني إبعيد أضعف إذا ما أنظرك

يـا خـويـه إلـزم ظهري خليني ألزم ظهرك

عـبـاس نـهـجم سويه...عباس بالغاضريه


إحـنـه الـذي بـقـيـنه زينب أملها بينه

إحـمـل عـله إيسار الجيش و آنه عليَّ إيمينه

حـمـلـه إشتهيت آنه إوياك نهجم سوه خلينه

سـبـعـين ألف و إحنه إثنين نتقاسم بسبعينه

عـبـاس إيـدك بـيديه ...عباس بالغاضريه


زيـنـب شـفـت معصبها يعني تقلك وينك

آنـه أنـتـخي بالعباس و إنت إنتخي بحسينك

فـدوه إلـك هـالـجـفين بس المهم جفينك

إنـت تـغـمـض عيني و آنه أغمض عينك

عـبـاس مـا عـاف أخيّه...عباس بالغاضريه


خـويه الإخو وقت الضيج بس الإخو مطلوبه

و الـعـنـده مـثلك عباس محد يقرب صوبه

بـوجـودك ووجـودي زيـنب تظل مهيوبه

سـكـنـه تـنادي عمي من العطش مصيوبه

عـبـاس نـادت رقـيـه...عباس بالغاضريه


كل شي و لا إنت إتروح وحدي أظل بين الناس

لـحـظـه إذا عني إتغيب أشتاق إلك يا عباس

هـذا الـوفـه الما موجود بالخوه إنت المقياس

واحد لجن شفتك جيش يا خويه يا رفعت راس

عـبـاس بـس إنـت ليه...عباس بالغاضريه


يـا بـا الـفضل ودعني أشعر بعد ما أشوفك

إنـت تـقـبـل نـحري و آنه أقبل إجفوفك

و إشبقني شبقت ملهوف و إنثر عليَّ إحروفك

لو بيدي ما قلت لك روح غالي و أبد ما عوفك

عـبـاس هـجـرك منيه ...عباس بالغاضريه


لـلـمشرعه من إتروح إذكرني لو شفت الماي

إشـرب هنيئاً عباس و إتركني آنه إويه إضماي

كـل ظـنـك إتجيب الماي يمي و تشربه وياي

هـذا الأبـد مـا يحصل ما تحصل بإيدك هاي

عـبـاس يـصـعب عليه...عباس بالغاضريه


يـالـلـي رحت الله وياك لازم توافي إوعودك

أدري بـعـد مـا تـرجع ياللي إبذلة مجهودك

لازم تـعـذرك زيـنـب يوم التشاهد جودك

عـالـمـشرعه الرايه إتطيح لمن تطيح إزنودك

عـبـاس أعـظـم رزيـه...عباس بالغاضريه


إذكـرنـي خـويه يحسين لو حشمت أسمعك

مـحني الظهر أوصل ليك يصعب عليّ أودعك

يـصـعب عليَّ التوديع دمعي جره وي دمعك

يـالـمـستحي من إسكينه للخيمه ما أرجعك

عـبـاس مـنـتظره جيه ...عباس بالغاضريه


يـا روحـي نوحي العباس يا دمعه هلي هلي

رايـد أقـبـلك بس وين و إمنين أشمك قلي

مـا يـنقطع فيض إدماك حاجيني يا بعد أهلي

مـن شـفتك ابهذا الحال يا خويه ما ترجع لي

عـبـاس عـفـتك رميه ...عباس بالغاضريه

tanger rabat Casa Marrakech ouazazate errachidia oujda Nador Tanger

j'ai croisé un lien avec ce blog en ouvrant le mien. un hasard comme on le dit si bien en arabe vaut mieux que mille rendez vous.scienceblogs.com-neurophilosophy . en attendant de le parcourir le lien est donc là. 

Aujourd'hui on m'a reproché de faire un travail qui ne soit pas éternel. Bizarrement. à la base, je me posais la question de savoir si je devais ou pas revenir dans la même école, puis en y réflechissant je me suis dit que puisque le directeur en avait ou semblait en avoir fait une demande insistante, même si l'opération devait me coûter le double ou le triple de ce qu'elle m'avait rapportté, pourquoi pas? aprés tout, je n'ai pas d'autre moyen de me prouver à moi même que je fais ce travail comme un sacerdoce que celui ci. payer de moi même. Il va de soi que le Témoin n'a pas besoin de témoins, il va de soi que les témoins sont faits de chairs et de sang et qu'ils sont par définition faibles et créés ainsi.
Toujours est-il que les éducateurs du Maroc n'ont jamais honte de mentir, ni honte de manquer à leur parole, ni honte de déplacer les gens pour rien, ni honte de rien en fait et que tenir parole à leur égard est parfois une preuve de bêtise plus que de générosité. En réalité, se promener avec le désir de bien faire dans un monde miné par le désespoir et la lassitude c'est s'exposer en permanence à ce genre de situation.

Sur la route de Marrakech, je me souviens de celui là qui me disait il y a quelque mois "depuis longtemps nous avons cessé d'enseigner". Depuis longtemps l'enseignement n'estplus une vocation mais un métier, c'est à dire une situation dans laquelle on est toujours trop peu payé compte tenu de la masse de choses à faire, on fait donc le moins possible en réclamant le plus possible. Sans compter qu'au jour le jour les gens sont faits prisonniers de leurs besoins et de leurs désirs, engagés dans des dépenses continues, il n'y a guère de solutions. le pire est qu'ils sont conscient du mal qu'ils causent, conscients du dommage qu'ils générent au fil des générations et de leur responsabilité qi va croissante et que cette situation est en soi  la pire des prisons que l'esprit puisse concevoir. Une prison telle que meme la fuite sort de l'horizon du pensable, une condamnation au sur place. En regard de cela, l'accumulation de moyens financiers devient le seul espoir possible. Dévaliser une banque et aller se mettre au vert, c'est un peu le rêve de tous les cambrioleurs.

les moyens dans le corps enseignants sont faibles, le grappillage est minime, reste ce sentiment malheureux, comme par défaut, qui consiste à dire aprés tout ma situation est moins pire que celle des autres, il   y a pire que moi, sentiment qu'il faut justement alimenter avec ce zeste de supériorité envers les inférieurs, petites satisfactions dérisoires de l'ego, si dommageable quand on considère la collectivité dans son ensemble où chacun devient à son corps défendant l'enemi de chacun au bénéfice de trés peu qui ne se nourissent que du gaspillage permanent des énergies, les crimes profitent toujours à quelqu'un et ainsi va la vie

Il est faux de dire qu'il n'y a pas de solutions, il est faux de dire que le sort a condamné les hommes à la prison à vie. ou alors pourquoi nous aurait-il créés? mais le sort n'offre de solutions qu'à la volonté et n'offre de volonté qu'à ce qui le sert Lui en ce qu'il sert ce qui doit être servi (ou ceux qui doivent l'être) ou fait ce qui doit être fait. Le monde est vaste à condition d'avoir un objectif et que cet objectif ne soit pas vain. on peut parcourir le monde avec une bonne intention et de bonnes action, les premières pouvant au moins pallier aux manquements des secondes; autant de choses qui nous élévent et nous portent. On est toujours otage de ce que l'on acquiert, mais on peut se libérer des acquisitions en se libérant du désir de perpetuer la indéfiniment la possession; accepter que ce qui vienne parte, c'est ouvrir la possibilitéà une nouvelle arrivée conditionnée elle même par un nouveau départ, etc.

Pourquoi?

l'autre possibilité est de laisser venir le monde à soi, et tout vient à qui sait sait attendre. mais c'est un choix dont nul ne mesure la portée ni même la grandeur. a l'instant je me souviens de cette gageure qui consiste à dire qu'il faut placer ses principes suffisamment haut pour passer dessous sans baisser la tête. ce n'est pas exactement cela. de même un moyen de se rendre impossible une tâche c'est de la prétendre trop difficile, c'est possible ausse aussi. mais laisser venir à so  le monde est une tâche qui demande infiniment de patience.  on se souvient de ce berger qui priait sans cesse sans obtenir de réponse. A la question de Moîse pourquoi seigneur n'exauces tu pas ses voeux, la réponse du Souverain fut son coeur n'est pas avec moi mais avec son troupeau.

le pire chemin est sans aucun doute celui où l'on habite les lieux de prières dans l'intention sournoise d'en tirer un bénéfice quelconque. au quotidien. entre les deux options il y a un grand vide et la pire prison de l'esprit qui soit. Dans tous les cas, il y a un ordre du monde et des choses auquel il faut bien se soumettre -peut-on aller pls vite que la lumière? non dit Einstein; dans les deux cas il y a des malheurs et des compensations, du rire et des larmes.

l'enseignant modèle à quoi ressemblerait-il? je ne sais pas. Dans le cadre de mon activité, je dirai que l'enseigant modèle est celui qui ne discuterait le prix que je propose que de manière raisonnable, qui éventuellement paierait un peu plus que que que j'aurais demandé puisque c'est probablement la raison pour laquelle j'affiche des prix si bas, qui éventuellement me laisserait faire le travail comme je l'entends et savourerait le présent que lui a offert le sort en dévidant mille pelotes pour qu'un hasard m'amène à sa porte. je ne sais si un tel enseignant existe, peut être même l'ai je ou les ai je rencontré plusieurs fois et je l'ai ou les ai certainemen remercié du fond du coeur même si j'ai du forcément continuer mon chemin.

j'ai laissé derrière moi Casa parce que les grandes villes m'effraient, et la dernière école où je suis entré disposé d'un poulailler et d'une basse cour, d'un éleage d'animaux de fermes en carton pâte et de quelques arbres. Mais l'enseignant chez qui je suis rentré dans cette école n'avait pas dix minutes à consacrer à un travail qui pourrait donner sens à sa fausse vocation.
la chose est je dois le reconnître des plus curieuses. . l'instituteur qui me refuse l'accés au tableau de sa classe est forcément du point de vue du travailleur en moi un mécreant et dans le meilleur des cas un ignorant.  D'autant qu'à celui là je n'avais pas réclamé d'être payé. A mon corps reconnaissant je concéde que celui qui me refuse le travail me concéde le repos. Mais si je me laissais faire, les enseignants me concéderaient un repos permanent et un enterrement en grande pompe et sans frais du travailleur en moi et de sa raison de vivre.  En concédant aux enseignants toute les bonnes intentions du monde, j'ai du mal à croire que ne rien faire soit dans tous les cas le meilleur parti à prendre quelques soient les intentions.

je dois dire que sa réaction fut plutôt celle d'un enfant que l'on voudrait empêcher de jouer que celle d'un adulte auquel on apportterait un outil de plus lui permettant de mieux accomplir sa tâche.  J'ai bien sûr du mal à comprendre cela mais je n'ai rien perdu pour autant puisque grâce à lui et à son refus de me laisser travailler, je me suis senti libre et libéré de casablanca et ai aussitôt pris la route.  Le travailleur en moi peut pardonner à une ville de lui avoir fait dépenser plus qu'elle ne lui a rapportté, il n'aime pas les villes qui ne le laissent pas accomplir la tâche pour laquelle il s'est déplacé. quoique je concéde que ces mots soient execssifs et que c'est probablement le peu d'envi qu j'avais d'errer dans une trés grande ville qui m'a conduit à la quitter aussi vite. dans les deux écoles où je suis allé, l'écologie semblait le maître mot. l'écologie est captatrice de fonds, elle ne semble pas en laisser beaucoup pour le traçage des tableaux.

Dans un monde qui souffre de gaspillage autant que de surproduction, on voudrait faire de tous les enfants du pays de simples manoeuvriers ou ouvriers agricoles et les réduire à ce simple rôle qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Il y a sans aucun doute de l'ubuesque dans tout cela, mais au final disent les enseignants la première faute n'a-t-elle pas été commise par ceux qui ont ammené leurs enfants à l'école pour y apprendre?  Amener son enfant dans un école c'est pour un père ou une mère un premier aveu devant la collectivité d'une incompétence. cet aveu là n'est-il pas toute la supériorité ou la totalité  de la supériorité et du rang social des enseigants quand bien même ils reconnaissent leur incompétence à mener la tâche dont ils sont pourtant responsables?

Quelles solutions?  l'équipement est il une solution? les moyens sont-ils une solutions? les outils scolaires sont-ils une solution? sans aucun doute. Mais la volonté? qui équipera les corps et les esprits de volonté?

l'équipement est une solution parce que c'est un engagement de dépenses et que l'activité repose aussi sur la dépense. Quand des générateurs de flux de dépenses sont en marche, des milliers de gens en profitent d'une manière ou d'une autre. Arrêtter l'équipement ce serait interdire les flux. Une folie sans aucun doute.  Mais la volonté? le coeur de la volonté est au moins la volonté d'un seul  
; quand le monde entier n’en peut plus, lâche, abandonne, recule, le monde appartient à celui où ceux qui résistent, ne lâchent pas avancent. C’est la gloire de l’humain que d’être un ensemble multi hiérarchique et multidimensionnel. La volonté ne peut se perdre partout, tant qu’il reste un seul pour vouloir la porter. Il faut qu’un seul au moins continue à rêver. Je ne dis pas qu’il sera plus riche, ou meilleur, ou qu’il sera plus fort, je dis qu’il faut qu’il y ait un support, quelqu’un qui refuse de croire que tout est perdu, foutu fini, irrécupérable, quelqu’un qui veuille croire malgré tout parce que la foi a son garant dont des êtres humains sont aussi des garanties, pourquoi pas un naïf de service, mais c’est la raison pour laquelle il faut malgré tout continuer. Peut importe ce que l’on perd, encore moins ce que l’on gagne, on ne porte pas un pays comme on porte une famille, ni une planète comme on porte un continent, il faut continuer parce qu’il est du devoir de l’homme d’être le garant de la certitude ; une plante, un animal, une roche, le ciel et la terre ont le droit de dire qu’ils n’en peuvent plus, mais pas l’homme. Il est le garant de la certitude au cœur des tempêtes, de l’affirmation du beau temps, au cœur de la nuit de l’arrivée du jour, au cœur de toute chose il est le garant de l’opposé. Cette garantie n’est ni une puissance, ni une majesté ni un pouvoir, elle est la certitude du certain, la seule qui soit réclamée. Le désespoir est l’ennemi de l’homme parce qu’il brise les piliers qui le fondent.
Dans la mesure où l’essentiel du pari est que le flambeau continue à être porté par au moins un seul, on peut équiper tout un pays pour que ce seul là en bénéficie ou n’en bénéficie pas. C’est un sens du témoignage. Il  faut équiper parce que nul ne doit pouvoir dire je n’avais pas ou je ne pouvais pas ; quand bien même le flambeau ne serait porté que par un seul, celui à qui tout a manqué ou le contraire, cela importe peu. Le flambeau ne se perdra pas, la lumière ne s’éteindra pas et nous témoignerons toujours et encore et plus encore, vivant ou morts nous témoignons que ce monde terrible a toujours eu le choix, que nul n’a jamais été privé de rien et que pour les plus grandes choses celles qui n’avaient pas de prix, le minimum d’argent, si ce n’est rien n’a été demandé. Parce qu’il en a fait serment et qu’il a toujours raison.
C’est l’équipement oui, la volonté encore, la résistance toujours. Je n’ai jamais été en guerre contre personne, moi-même comme un autre est un pire ennemi qui me suffit amplement. A nous pauvres malheureux il ne nous est pas demandé grand-chose, porter un mot suffit, deux ou trois, une phrase de cette évidence dont nous savon tous qu’elle n’a pas besoin d’être formulée pour exister sans nous et sans laquelle nous n’existerions pas.  Dans l’histoire de l’éducation beaucoup de choses ont été tentées. L’enseignementà domicile entres autres. Ne pas donner ses enfants à d’autres est ce une solution. C’est à mon avis une bonne chose pour l’ego. Ne pas commencer par reconnaître qu’on est incapable de mener à bien et seul la tâche d’éduquer ses enfants est une bonne chose pour l’ego, ne pas reconnaître qu’on est incapable de mener à bien et seul, la tâche d’éduquer ses enfants est ue bonne chose. Tu me parles de la nécessité de diplômes, je te dirai qu’après tout tant de diplômés ne trouvent pas preneur ; comme autant de marchandises sur l’étal, qui ne trouvent pas acheteur, que l’on peut en effet choisir de ne pas laisser un autre que soi conditionner
sa propre progéniture et l’on conditionne les enfants dans les écoles comme l’on conditionne les aliments dans les chaînes des usines sans compter qu’en guise de condiments on leur apprend aussi ce qu’il faut porter, manger, chausser, reconnaître méconnaître, c’est un code barre qui sort de l’école quand il a obtenu le baccalauréat. L’essentiel de ce qui s’enseigne dans les écoles est limité et réduit ; quelque mois suffisent voire quelques semaines pour enseigner ce pour quoi on tient en otage des écoliers pendant une année scolaire. En moins de cinq ou sept ans l’entièreté du programme scolaire peut être enseignée en lieu des 15 ans minimum devenus nécessaires voire indispensables. Mais d’un autre côté qui aidera les parents à porter le poids de leurs enfants avec la patience nécessaire, raison pour laquelle les parents les jettent au plus tôt dans une maternelle comme au tout çà l’égout. D’autre part et ceci n’excluant pas cela, si les jeux d’enfants sont autres chose que ce qu’ils semblent être n’est ce pas une manière de commencer à les exploiter le plus tôt possible ? l’école ne rend elle pas les jeux d’enfants sérieux ? et d’entamer au plus tôt la marchandisation de ces petits anges ?

On peut parler aux gens pendant des heures, on peut dire aux gens toute l’étendue du monde, il vient un moment où un film à la télévision, une émission à la radio arrachent leur attention. Les choses sont ainsi faites et on n’y changera jamais rien, en dernier ressort une personne ne peut sauver qu’elle-même et c’est toujours de cela qu’il est question. En dernier ressort c’est de l’oubli que se nourrit la vie. C’est ainsi que nous passons notre vie à rencontrer des gens, entendre des paaroles et souvent à ne prêter attention qu’au futile et à négliger l’essentiel. Et l’homme ainsi court et court et court jusqu’au jour où il rencontre son destin. Ces paroles me viennent à l’esprit à mon arrivée à Ouarzazate, après une longue conversation dans le car avec un jeune homme de 30 ans licencié d’anglais ,’a-t’il dit et en voie de préparer une licence de philosophie ou de psychologie mais sans l’amour pour les études qui aurait justifié le tout, sans la cohérence dans les propos qui aurait accrédité le reste mais comme peut l’être un jeune homme de trente ans alors que je n’ai aucune idée de ce que peut être avoir trente ans en 2012.

Ouarzazate-Errachidia

Il est mort et il va mourir. C’est le commentaire fait par Barthes d’une photographie faite d’un condamné à mort dans sa cellule peu avant sa mort. J’avoue que la beauté de cette phrase m’a toujours frappé, au point que je m’en souviens encore des années après. C’était dans son essai sur la photographie, je m’en souviens aujourd’hui parce que j’ai photographié à Ouarzazate les étapes de la restauration d’un tableau de classe, le pire tableau disponible dans l’école. C’est la deuxième fois que cela m’arrive et je constate que les photos de la première ont disparu, effacés et c’est sans importance. Ce tableau fait n’a jamais été fait. La beauté de la suspension du temps, le présent non pas éternel mais si long de la photographie, parce qu’il peut durer plusieurs vies, mais présent sans âme cela va sans dire, présence de surface. Il va de soi que ce travail n’a pas été par ses destinataires , les élèves et les enseignants ou la direction de l’école mais par ces commanditaires, ceux qui dans le monde invisible ont rendu possible mon arrivée à Ouarzazate, ma nuit à l’hôtel, mon café du matin et la cigarette et le taxi. Celui qui a rendu possible ma vie, mon souffle, mon âme, qui a fabriqué mon corps de glaise, mes pieds et mes jambes et l’univers et l’horizon imperturbable des siècles et l’évidence de la vie comme celle de la mort et la terre et le ciel. Il n’y a jamais eu de contradiction parce que le même règne sur terre et dans le ciel, et que les deux mondes ont le même maître, leur créateur.
Puis je suis allé dans une seconde école, là l’expérience fut comme toujours poignante ; j’ai commis encore une fois la bêtise d’avoir l’honnêteté et la franchise d’afficher un prix mais d’offrir à la première cliente un supplément en lui demandant seulement d’accepter le supplément comme cadeau et remerciement mais de ne pas saborder le prix du reste dérisoire pour un travail qui fait du reste traverser le Maroc de long en large.
Evidemment il n’en a pas été ainsi. L’institutrice a déduit de mon geste qu’elle pouvait diviser mon prix par deux et s’est empressée de négocier mon travail au rabais, comme une passante qui veut se vanter auprès de ses copines d’avoir trouvé une bonne affaire au marché. Elle s’est ensuite arrangée pour multiplier par deux la masse de travail que j’avais à faire à seule fin de m’empêcher d’aller dans la classe du seul enseignant venu me demander de faire ce travail dans sa classe. Négligence, mépris, égoïsme, sans aucun doute. Me faire perdre mon temps de travail c’est faire perdre à une centaine d’éléves et donc de générations la possibilité de travail sur un tableau de classe adéquat en regard du programme proposé. A mes yeux, ce dont les enseignants n’ont pas du tout conscience pour leur majorité, cela équivaut à un crime contre l’humanité, mais à qui le dire si les premiers intéressés sont les plus grands criminels ?

J’arrive donc à Errachidia. A cinquante soixante km peut être un peu plus. Je sais que la ville est informée de ma venue. Ou à défaut quelqu’un dans la ville. Pour la seule raison que je considère tout souvenir qui afflue dans ma mémoire comme une citation que quelqu’un fait de moi. Quelque part dans le marché aux dattes de la ville quelqu’un m’a annoncé la bonne ou la mal venue. C’est toujours ainsi . De tels messages s’échangent dans le conscient ou le subconscient je ne sais, peut être que tout le monde les entend probablement pas. Certainement pas. Mais les villes s’annoncent aux villes et de ville en ville les messages passent. Peut être maintenant comprends mieux de quoi il est question quand on parle de téléphone arabe, c’est du moins là une partie du sujet. Est-ce que je vais rester à Errachidia ou pas, je ne sais. La ville voudra-t-elle m’accueillir ou pas est une autre manière de formuler la question. Formulée par Moise elle était plutôt de l’ordre de si vous entrez vous êtes les vainqueurs. Parce que les villes se prennent et ne se donnent pas.
Au final je ne suis pas resté à Errachidia plus de deux heures. Et j’ai aussitôt repris le car pour arriver à 7 heures du matin à Ain Bni Tahar, une centaine de km avant Oujda. J’ai travaillé dans cette ville dans deux écoles, j’ai fini vers deux ou trois heures de l’après midi, j’ai pris ensuite le car pour Jr arda. Là j’ai attendu le car environ une heure avant de le prendre pour Oujda. Je suis allé ensuite vers essaidia où en guise de station balnéaire je n’ai vu que les décombres d’un quartier en voie d’assainissement avant de reprendre dans la même soirée , faute d’avoir trouvé d’hôtel à prix correct, pour Nador, où j’ai travaillé le matin. Cette expédition aura duré cinq ou six jours du lundi au samedi matin, en attendant la prochaine course d’obstacles.




Paradoxalement L’excès de contrôle de contrôle est le plus grand frein qui soit pour le développement.
Echange de passagers entre deux cars à une heure trente du matin à Meknes ; échange de colis


lundi 4 juin 2012

tanger Casa Rabat

Bizarrement ces derniers jours je me trouve curieusement un peu maltraité par les garçons de café. l'autre jour à Tanger l'un est venu prétendre que je pouvais pas me connecter depuis le café, quoique le Wifi soit présent et d'autres personnes installées à leur table avec des ordinateurs; il m'a aussi reprocher de passer des heures dans le café et de ne pas consommer ou de ne consommer que le minimum, grosse modo une tasse de café. je venais d'arriver depuis cinq minutes, dix au maximum, et ma commande n'était toujours pas arrivée à ma table. il était difficile de reprocher quoique ce soit. cela a fini par une dispute, j'ai du changer de place, fut certes mieux servi, mais obligé d'user des attributs de l'autorité auxquels les malheureux sont toujours par obligation quasi religieuse soumis: je sortis de mon sac une bouteille d'eau minérale et mangeai un gâteau à la pistache. signes que mes vêtements de pauvres cachaient peut être un porte feuille plein, signe plutôt que la société n'est que convenance et signes convenus et que l'on peut passer d'un monde à l'autre tout simplement en donnant à voir ces attributs, rappels que le mensonge social est parfois la seule condition pour vivre en paix comme l'on veut en société et que les petites gens ne sont pas forcément les meilleurs amis (ni les pires soit dit en passant) et que toujours on ne fera du bien à une personne que malgré elle...

aujourd'hui c'est à Rabat, il est vrai un café un peu huppé équipé d'une pâtisserie à une dizaine de mètres du cinéma 7éme art. là, alors que j'étais assis à l'extérieur le garçon de café est venu me reprocher de fumer. Puis il a voulu se faire payer avant que je n'ai fini de boire mon café, comme si je risquais de m'enfuir, enfin alors que j'avais commandé un café le temps d'aller aux toilettes et de revenir il avait donné ma place à quelqu'un d'autre.  Dans le fond tout ces petites ingratitudes de la vie ne me dérangent pas profondément, d'autant plus que je sais comment les soigner: il suffirait de porter un complet veston, d'éviter d'avoir des chaussures percées et des mains peinturlurées comme si elles n'étaient que les mains d'un misérable travailleur, un pouilleux sans plus. et tout cela est bien évidemment à ma portée, y compris la manucure s'il le faut.

Mais ces petites misères de la vie quotidienne, ont la vertu de me rappeler que je suis un être humain vivant parmi les êtres humains, chose que j'oublierai assez vite si je me laissais aller. la focalisation. le mot a une explication narrative qui vaut le détour mais il a aussi une acception qui m'interesse plus dans la mesure où elle implique l'idée de concentration, et c'est mon cas dans la mesure où je passe mes journées perché je ne sais où à chercher des écoles où faire œuvre utile, si possible et quelqu'un soit le prix (quoique peut être pas jusque là).

dimanche 3 juin 2012

Efficacité sens de l’organisation bonheur


Le projet

               
J’ai rarement l’occasion de dire du bien des directeurs d’écoles que je rencontre. Il faut dire qu’ils maîtrisent à merveille l’art de la procrastination, toujours à remettre à demain ou à dans quelques mois ou quelques semaines ce qui pourrait se faire le jour même. Toutefois, je me trouve parfois bien payé, quand au moins j’entends à l’occasion de mes séances de travail quelques mots intéressant, quelques idées intéressantes, quelque chose qui me sorte d’un ordinaire souvent assez déprimant. Et qui doit être certainement l’ordinaire de tout un chacun. Aujourd’hui l’un d’entre eux m’a exposé le projet existentiel, et je dois avouer que si je peux prétendre connaître un peu quelques bibles de l’existentialisme, ne jamais m’y être vraiment intéressé au point d’en faire ma bible personnelle.
Donc dans ces quatre conditions, il y a d’abord l’idée que choisir c’est renoncer ; il y a ensuite l’idée de la liberté, celle du projet qui doit être mené à terme puisque l’être humain je suppose s’y est engagé par un choix ou par un renoncement.  Dans le dédale de notre discussion j’ai du ajouter qu’il valait mieux que le projet soit celui d’une journée si l’on ne voulait pas piéger une vie entière dans tel choix ou tel renoncement. Mais toujours est-il que la conversation fut agréable et je dois reconnaitre que je fus payé d’agréables mots, même si en ce qui concerne le travail lui-même, ma présence dans l’école s’est limitée à la fabrication des échantillons.
Ce qui serait peu pour vivre si je n’avais d’autres facilités, mais suffisant pour que je considère avoir acheté auprès de ma bonne conscience la tranquillité dont j’ai besoin. 
Il y eut une drôle de guerre, il y a une drôle de vie. Je crois me souvenir de ce titre de film qui disait je crois trois vies et une mort. C’est la phrase qui m’a plut, comme les sept vies du chat. Cette idée aussi m’a plut. Combien de vies vit un être humain. Pour le commun une vie, pour d’autres un être humain vit autant que ses projets de vies, ou que les métiers ou les emplois qu’il a pratiqué. Chaque fois qu’il est entré dans un cercle de relations nouvelles, l’être humain a commencé une nouvelle vie, d’un autre côté il y a un premier cercle de relations familiales qui celui là ne s’épuise pas et qui constitue la racine même de l’arbre de la vie.
C’est aussi une position ; une autre voudrait aussi que l’être porte en lui son cercle familial à charge pour lui de s’y connecter, la métaphore est moderne puisqu’elle renvoie au réseau, à l’instant je n’en vois pas vraiment d’autres, mais l’idée est toujours qu’il s’agit de renouer le lien qui se dénoue forcément avec le temps. C’est aussi une obligation de bon sens comme l’affirme l’école de la meilleure manière. 
Parfois je m’imagine dans toutes les écoles que je traverse, où l’on me demande souvent des cartes de visites, pas toujours heureusement, distribuer des cartes de visites non professionnelles, pas pour décrocher un quelconque contrat de travail je veux dire, mais des cartes avec l’adresse d’un site internet sur la toile, l’un de ceux où seraient publiés ces mots.
A vrai dire, cela pourrait s’appeler une bonne stratégie de communication,  visant non à me faire connaître mais à faire connaître une réflexion sous jacente. D’un autre côté il me plait aussi que tous ces sites soient une espèce de bouteille à la mer, sur laquelle pourrait tomber un jour un lecteur par hasard, ou par un de ces mille filets de hasard qui forment un destin. En troisième lieu, c’est essentiellement le besoin que j’ai d’occuper en permanence un esprit qui tourne sans cesse qui fait de cette stratégie d’écriture un moment devenu important dans ma vie. Sans compter que cela limite mon envie permanente de bouger, ce qui me sauve d’une errance constante.
On gagne tant à limiter les rencontres avec les gens que l’essentiel du désir de solitude de l’être se comprend là. Ne serait ce que parce que les monothéistes que nous sommes croient en un dieu qui se suffit à lui-même, n’a besoin de personne, etc. d’un autre côté s’il a fait les êtres humains ainsi, et non comme des monades vivant comme des îles indépendamment les uns des autres , c’est aussi et sans aucun doute pour une raison.   
               

Pause à Ouazzane


Ne t’arrêtes jamais ou prends tout ton temps. Quand la vie te sourit ne perd pas la vague, quand la mort te prend elle ne te lâche pas. Il pleut, il vente, il bruine, il fait ce qu’il veut quand il veut, il n’a pas de nom qui soit commun, ni de lieu qui lui soit propre. il est si proche qu’un lointain le précéde toujours et si lointain que sa proximité le rapproche encore. Je ne crois pas en la mystique ni en tes pleurs ni en mes larmes ni en ta joie ni en mon bonheur ; le vécu de l’instant est une satisfaction en soi, la pensée qui occulte le présent est le bonheur de savoir qu’il est.
Homme de peu ou de grande foi, n’épuise pas dans la fortune de l‘instant les précieux moments dont il nous a fait don. Ni dans la contemplation de ce qui n’est qu’illusion un temps périssable qui est notre prison et le socle même de notre liberté. Au jour de notre naissance notre destin était déjà tracé, au jour de notre mort de quel avenir serons nous vêtu ?
Habille toi mon pauvre ami de foi et de vertu, dans ce monde qui a péri ces monnaies n’ont plus court, peut être ne les dépenseras tu pas trop vite. C’est une forme d’économie que le commerce des âmes et des personnes et c’est une forme de richesse que la pauvreté des nations. Aussi loin que porte mon regard je ne vois que cupidité insatisfaction cruauté et médisance, des sons que porte le vent hormis celui de la pluie, les cris des animaux et le frémissement des feuilles, je ne tiens de la bouche des hommes que bien peu de joie et tant de fausses illusions. 
Marcheurs la prison des hommes et la pire parce qu’on n’y entre que par la volonté de perdre. La soumission à l’homme est le plus lourd des fardeaux car ce négoce a pour monnaie la malheureuse et si bienveillante et bonhomme vêrité. Qu’elle te tienne à cœur mon fils, qu’Il te tienne à cœur. Celui qui n’a ni épouse ni enfants ni familles, celui qui n’a que sa création qu’il choie et dont il fait ce qu’il veut, celui là est seul Digne. Mon fils ne pense qu’à lui, ne crois qu’en lui, ne te soumets qu’à lui, parce que le savoir est toujours celui d’un jour, prétendre saisir demain avec ce qu’on a apprit la veille est une folie sans nom. Ce qu’il a créé hier, il s’en est déjà détaché aujourd’hui, il ne se retournera pas sur ses traces. Il va sans cesse au devant. Nos prétentions ne sont que ce qu’elles sont, nous sommes bien trop peu. Il nous a donné le goût de l’infini, mais notre finitude est sans cesse présente. Nos plus grandes choses sont infimes et dérisoires. Nous amassons des pierres, batissons des gratte-ciels, aussi hauts soient-ils sortent-ils pour autant de l’horizon de la mesure ? il a créé la mesure. Nous calculons, il a créé le calcul ; nous vivons un temps déterminé, il a créé le temps le déterminisme et la la détermination.

Telle qu’elle est faite la vie ne s’arrête pas. Peut-on la planifier ? certainement, au moins sur certains de ses aspects, mais les inconnues de la vie sont des constantes et les constantes toujours des inconnues. J’ai toujours aimé la solitude. Après tant d’années je n’ai toujours pas appris à la préserver. Je me dis sans cesse qu’il viendra un temps où, ce temps est sans cesse reporté, je vais probablement trouver un endroit où me reposer. Cette pause à ouazzane va dans ce sens,  M’obliger quoiqu’il m’en coûte à m’arrêtter, un stand by. Une forme de paralysie volontaire comme tu l’appelles. Je sais, mais on en apprend autant dans un seul endroit qu’en faisant le tour du monde. La distance, l’éloignement, la course n’abolissent rien. Mais il y a un temps pour tout. Ce pays je veux encore le découvrir, le voyage en tout cas ce dernier qui m’a mené jusqu’à la frontière avec la mauritanie m’a beaucoup apportté. Je me sentais enchaîné dans les années qui précédaient, les une ou deux années qui sont passées. Maintenant c’est beaucoup moins le cas. Tu trouveras toujours sur ton chemin des gens prêts à te vider de tes forces, prends garde à les renouveller ; parfois je me dis que je suis dans l’état d’un dormeur vivant. Parce que tu ne renouvelles pas tes forces. Il reste encore quelques régions du pays à découvrir, tout l’est du pays et du monde en tous les cas. Je sais que quelque chose de moi meurt tous les jours un peu, ce quelque chose qui se répète je ne saurai le définir, une voix comme une autre. Je ne veux pas laisser derrière moi une envie, un souhait, un regret, je sais que l’étendue du mondze est perceptible depuis un seul endroit du regard, sous une autre forme certainement. Mais je veux épuiser le cavalier ou le cheval en moi.

Avant que le coq ne chante
Petit homme qui veut être grand
Eveille en toi le dormeur
Au val, va si ça te chante

Les hommes ont perdu depuis longtemps leur odeur. Ce n’est ni pour la gloire, ni pour l’honneur, ni pour l’argent que je traverse le pays de long en large ; et je sais que ce n’est pas non plus moi-même qui le traverse, la poèsie ne peut dire plus que ce qu’elle dit quand elle dit moi-même comme un autre.  Je brulerai bien ces pages et je me doute bien qu’elles ne te serviront à rien. Les souvenirs aussi dit la chanson. Au demeurant, j’ai ce plaisir insondable d’écrire chaque jour une forme de testament, bien peu de choses hélas, rien qui ne vailles quelques mots jetés ça et là au fil de l’encre.

Il y a un charme étonnant à entendre les conversations des enfants. En moyenne tous les enseignants disent que les parents relèvent le nombre de questions qu’ils posent. Pourquoi les nuages sont-ils comme ceci, les montagnes comme cela, les océans ainsi et les aimaux aussi. Des questions, des questions. 
Tout à l’heure j’entendais dans une classe une petite fille ou un petit garçon je ne sais plus exactement dire les chrétiens coupent les mains des voleurs. Un autre jour je me souviens d’une petite fille qui disait Dieu est gentil et un jour aussi une petite qui disait si je ferme les yeux tu ne me verras pas. Avec ce qu’ils entendent dans les classes les enseignants pourraient composer les plus belles fables ou maximes du monde, il y a tant d’idées et tant de richesses dans ce qu’ils entendent. Je pense ainsi non à la question posée mais aux certitudes que ces questions présupposent. Dieu est méchant ou gentil, il y a Dieu. Si quand je ferme les yeux tu ne me vois plus, c’est que c’est depuis mon regard que tu me regardes, ce n’est donc pas exactement non plus à toi que je m’adresses autant qu’à celui qui me regarde au travers de mon regard, ce doublon de moi-même, cet autre moi-même, à qui je m’adresse aussi quand j’écris même si l’encre qui coule est sa vie même qui défile. 
On se demande d’où vient la pluralité des croyances et on oublie la pluralité des écoles. Chacune d’entre elles est un monde relié à d’autres mondes, un calcul rapide le montre assez vite, une école de mille élèves c’est au moins un village de trois cent familles à raison de trois ou quatre enfants par village. Une ville c’est un ensemble d’arrondissements ou de communes ou de villages et la mesure de cette ville ce sont les écoles où grandissent les enfants.  C’est pourquoi les réseaux familiaux incluent nécessairement les réseaux scolaires. Ta commune ou ton village c’est aussi l’école où tu as tressé tes premières relations, l’ensemble de ceux avec qui tu as échangé des souffles de mots comme autant de souffles de vie, que tu retrouves au fur et à mesure chaque fois que au  cours de ta vie tu rencontres à nouveau un ami de classe perdu en chemin, une partie de toi-même qui au moment où elle te revient de la bouche de celui à qui tu parles te ramènes avec elle des paquets de souvenirs d’une époque oubliée.

Plus d’une fois je l’ai entendue formulée ainsi la question de l’injustice, pourquoi un tel et pas un tel, lui et pas moi, eux et pas nous. Je ne sais pas d’où vient ce concept de mâle alpha ou omega, mais s’il dit quelque chose ce n’est pas tant sur l’inégalité, ni sur la hiérarchisation, mais sur une forme d’emboitement des psychés individuelles. bizarrement s’il y a des corps qui sont réceptacles de psyché individuelles pourquoi n’y aurait il pas des corps réceptacles de psyché collectives. On se demande pourquoi tel artiste réunit un million de personnes, telle personnage public charismatique un pays ou la moitié du monde, ou la totalité d’un monde connu, etc.  celui en qui une majorité de personnes se reconnaissent n’est ce pas justement celui qui les rassemble toutes, celui dont la complexité ou la simplicité est la plus à même de rassembler en elle-même la multiplicité des individualités ? ce n’est pas une question de génie ou d’intelligence ou de constitution, s’il faut qu’une multiplicité de personnes puisse se reconnaître en un seul il faut que ce seul, ou ces seuls, soit à même de porter la multiplicité de ces identités individuelles comme si elles étaient la leur. 


Dans la théorie des ensembles il y a je crois des concepts qui permettent d’appréhender cette idée comme dans la théorie lexicologique ; les liens hyperonimiques si ma mémoire est bonne ou les relations hyperonymiques. 
La seule raison pour laquelle je ne m’aventure pas trop dans ce domaine, c’est parce qu’il est essentiellement intuitif et que dans toute la mesure du monde il y a forcément un principe vital qui est l’impossible compréhension  par un sous ensemble englobé de l’ensemble qui l’englobe. C’est donc essentiellement des espèces de montée, comme des captures d’images, des captures de schéma dans le ciel au niveau même des étoiles dont il est question. Si je t’écris cela mon enfant, c’est essentiellement parce que je veux que partant de tout ceci tu reviennes là où j’ai trouvé ma source pour aller plus loin. Ce ne sont là que des étincelles et cela restera des étincelles. Puisqu’ainsi Il a voulu que cela soit.

Mon principe est simple. Je pars de l’essentiel, je le considère comme certitude de base, non pas non discutable mais incommensurable, à ce niveau le point de vue sur la globalité du monde devient tout simple. Le monde est une toute petite chose mon enfant, les êtres humains et l’esprit humain de par sa constitution est infiniment supérieur à lui. Nous contenons le monde, ilo ne nous contient pas. Dés lors la question que tu me poses c’est pourquoi tout ce que je veux n’arrive pas quand je le veux. La question est mal posé, le monde et notre rapport à lui, ce sont des lois qui régissent tout cela.
C’est pourquoi  je ne crois pas en la magie. Le désir d’un adulte est de retrouver ce qui rendait son enfance si facile, et les adultes se sont imaginé que la magie pourrait être une voie, pour retrouver ce qui n’était qu’un naturel de la relation au monde. Ce naturel ne se construit pas, et la magie est une construction, son artificiel ne permet pas de revenir à l’essentiel.  La profondeur c’est la peau mon enfant, la peau, c’est à ce niveau que tu te retrouves, ou dirais je mon adulte.
Nul ne possède les clefs, de cela il doit toujours être convaincu. Reviens toujours à l’essentiel. L’être humain est partagé entre deux vagues, l’une montante l’autre descendante, il faut descendre avec celle qui descend, monter avec celle qui monte, pleurer quand c’est le moment de pleurer rire quand c’est le moment de rire, la vague porte vers le meilleur, c’est ainsi et pour cela qu’elle a été conçue, à condition d’être capable de se laisser porter. Se débattre accroît la fatigue, sans plus. La libération est à ce prix. 

« Papa, allume tes yeux, sinon tu peux pas me voir! »
«Dis maman, si on se déshabille, est-ce que le personnage est tout nu aussi?»
ma maman elle est blanche mon papa il est noir et moi je suis bleu.....
Quand j’ai dit qu’Elliot était le petit garçon à sa maman, Antonin a répondu jalousement : «Non, il est à toute la famille !»
À propos d'un ballon à l'hélium qui s'envole: "Le ballon, il est tombé dans le ciel" .
« Maman, quand tu étais petite et que papa était petit, c'étaient qui mes parents ?
« Moi, mon chat, on l'a acheté dans un ketchup .
« Demain, je vais à l'hôpital pour prendre des photocopies.
Regarde la grosse peine mécanique.
Je ne retournerai pas à l'école parce qu'à l'école, on m'apprend des choses que je ne sais pas.
« Les voleurs, est-ce qu'ils volent dans le ciel ? »
« Quand maman est fatiguée, pourquoi c'est moi qui dois aller se coucher? » »
« Il ne fait pas noir dehors, il fait bleu. »
« Mon amie Kim, elle habite dans le pâté chinois à Montréal. »
"Papa, t'as des rayons de soleil autour des yeux"
"Regarde Papa, il y a des fantômes qui s'envolent de ton café!"
Olivier 2 ans à son grand-papa dont le moteur de bateau ne fonctionne pas : «Papapa, moteur marche pas. Papapa mette piles, mette piles.»
mon fils tommy a 4ans et il joue a coucou en se cachant les yeux avec ses deux mains,soudain il se met a pleurer et dit maman je vois plus mes yeux.
Xavier 3 ans: Maman! j’ai fais des beaux dodos! Il fait beau!
 Maman: c’est vrai qu’il fait beau!
 Xavier: Il fait plus noir… Il fait bleu!
En revenant d'une journée aux pommes, Eliane demande: «La prochaine fois, est-ce qu'on pourrait aller à l'orange?»
Sophie, 3 ans et demi, regarde son papa qui se prépare pour le travail et lui dit : «Bonne journée papa et sois gentil avec ton patron!»
Alors que j’étais en vacances dans le Maine, Mathieu, mon petit-fils de 5 ans, me téléphone dans la soirée.  Je lui dis d’aller dehors voir la pleine lune parce qu’elle est très belle ce soir.  Il me répond : Quoi, grand-maman, tu vois la même lune que moi.  Ça veut dire que tu n’es pas bien loin".
Derrick, 5 ans
(Lui et ses parents vivaient alors en Afrique)
 - Alors, comme ça, tu vis au Gabon ? Tu as des petits copains noirs et des petits copains blancs dans ta classe ? Lesquels préfères-tu ?
 - Bof... Moi, je préfère les gris !
À grand-maman qui l'installe sur le comptoir de la cuisine (près de la cuisinière) dans le simple but de le mettre à sa hauteur pour lui faire un câlin:
 "Tu n'as quand même pas l'intention de me faire cuire ? "
Bianca a écrit:
«La mère de mon amie est malade.
Mon père l'a dit à ma mère.
Ça fait que tout le village l'a su.»
Myriam (4 ans) ne dit rien mais est très attentive.  De retour à la maison pour la petite fête qui suit, elle vient me voir et me dit, anxieuse:
 «Grand-maman, donne-moi un grand verre d'eau s'il te plaît, je ne veux pas mourir !  »
Un soir que le petit Guy était dans son lit. il crie à son papa: «Viens voir papa la lune est cassée !»


          
        
         

Efficacité sens de l’organisation bonheur

Chaque fois que je me prépare à voyager je sens un grand vide grandir en moi. Etrangement, j’ai parfois l’impression que c’est le lointain que je vise qui est entrain de me remplir. Ce n’est à partir de ce moment là qu’une question de temps. C’est une sensation curieuse, mais si nous sommes dans nos journées les projections de ce que nous avons fait dans nos nuits, alors il faut bien que par un effet de retour, notre journée nous atteigne pendant la nuit.

Je conceptualise, je ne vois pas forcément, mais tel un mathématicien qui dispose de quelques axiomes et déduit, je dispose de quelques axiomes et j’induis. C’est, pour être franc,  le seul jeu qui emplisse mon esprit, le seul dans lequel mon esprit surpasse l’ennui, tant de choses m’ennuient. Il y a une dimension où le temps n’a plus de sens ; après tout s’il est relatif, extensible réductible à merci, il faut donc le voir comme un jouet entre les mains de son créateur, une espèce de pâte à modeler est l’image courante je crois.


A ce niveau le présent est de toute éternité un instant unique qui engobe un début et une fin, un passé et un futur, mais qui peut s’étendre à l’infini. L’éternité est à venir mais elle est déjà passée, elle est un instant zéro. C’est depuis cet instant zéro dans lequel nous sommes nés, avons vécu et sommes morts puis ressuscités et jugés sans aucun doute, qu’il faut voir les petits détails qui organisent, commencent, concluent nos journées.
 Le jour étant une projection de la nuit, il faut bien que quelque chose se prépare la nuit qui soit ce dans quoi nous serons projetés le jour. Il faut bien aussi que quelqu’un ou quelques uns le préparent, Sois certain que ma pensée est infiniment limitée, et ne mets à mon crédit que l’audace de vouloir penser l’impensable, parce que je considère que c’est une manière de rendre grâce à mon créateur que de m’émerveiller devant la complexité insondable de sa création.  


C’est aussi une autre volonté de Lui rendre grâce que de vouloir en parler et l’écrire, quoique je me méfie douloureusement de la part d’orgueil qu’il y a à vouloir communiquer sur ces sujets qui présupposent par définition une compréhension supérieure à celle des communs. 

D’autant que Celui qui se Suffit à lui-même et Connait l’infime de ce qu’il a Créé n’a certainement pas besoin qu’on fasse les explications de textes à sa place. Réfléchis un peu avec moi, et imagine comme le monde est petit ; si une journée vaut 50 000 ans, 70 000 ans et 1000 ans, si un instant vaut 50 000 années, l’éternité elle-même ou du moins l’histoire du monde tout entier depuis le big bang jusqu’à l’extinction des galaxies, et le passé créé en même temps que l’avenir à moins que ce ne soit avant ou après, tant de paradoxes n’ont-ils pas de quoi émerveiller ? les réferenciels nous semblent uniques quand nous les rapporttons à nos petites personnes, mais imaginons autant de réferenciels que de personnes vivantes ou mortes, et des passages permanents de l'un à l'autre: quel est le référenciel unique pour la durée? y en a-t-il? si un instant vaut 50 000 ans, n'est ce pas d'une durée qu'il s'agit. Parcourir l'univers en une nuit, pourquoi donc ne serait ce pas possible? 

Quand je pense à voyager, je sens le voyage qui arrive en moi, et je sais que ce que j’ai l’intention de faire est déjà écrit quelque part, une cause est là dans ma journée comme le début d’une pelote de fil, qui attend seulement que je la tienne entre mes mains, et la dévider.

Tout ce que l’on pense du monde est possible. Cette pensée me vient parce qu’à l’instant je me souviens du titre d’un livre, essai sur la pluralité des mondes et qu’au passage un film passe à la télévision qui raconte l’histoire de quelqu’un qui vaque de planète en planète pour retrouver ses sosies, ou plutôt des ennemis à sa semblance. Pour ma part, je pars du principe que chaque être humain est un monde et que l’ensemble s’emboite comme dans un jeu de poupées russes multidimensionnelles. Mais si tout ce que l’on pense du monde est possible, la question n’est plus de ce que l’on en pense mais de ce que l’on en fait. Ne rien faire c’est mourir un peu voire beaucoup.

Le monde peut venir à toi autant que tu vas à lui.